Manger des biscuits à la vanille ou boire un soda coloré implique bientôt un nouvel exercice : décrypter des messages d’alerte. Une nouvelle loi vient d’être adoptée au Texas. Une série d’additifs alimentaires, parfois omniprésents, portera un avertissement d’ici 2027.
Simple effet d’annonce ou tournant important pour la santé publique américaine ? Le point.
Cette loi suscite un vif débat
La loi SB 25 : avertir, pas interdire
Au printemps 2024, le gouverneur Greg Abbott a signé la loi SB 25. Elle exige que tous les produits alimentaires vendus au Texas, contenant un des 44 additifs ciblés, affichent, d’ici 2027, une mention claire.
Le texte impose une mention simple : ces substances sont « non recommandées à la consommation » selon des agences officielles étrangères. Cette mesure s’intègre dans la stratégie « Make America Healthy Again », plus large que le seul étiquetage alimentaire.
Quels ingrédients sont concernés ?
- Colorants : Rouge Allura AC / Red 40, Jaune Tartrazine / Yellow 5
- Dioxyde de titane
- Olestra
- Huiles partiellement hydrogénées
Plusieurs sont déjà restreints ou interdits en Union européenne, au Royaume-Uni, au Canada et en Australie. Certains additifs de la liste restent toutefois autorisés dans certains pays cités, ce qui complexifie la compréhension.
Enjeux et polémiques autour du projet texan
Des preuves scientifiques divisées
Ce durcissement suit plusieurs alertes récentes. Par exemple, le dioxyde de titane est suspecté d’entraîner des dommages cellulaires et d’agir comme perturbateur du métabolisme du sucre.
Certaines couleurs artificielles sont liées à des troubles neurocomportementaux chez les enfants.
Toutefois, la Food and Drug Administration (FDA) estime l’utilisation sûre aux doses autorisées, ce qui divise les avis. Certains prônent plus d’information pour les consommateurs, d’autres dénoncent une alarme excessive.
Industries débattent, associations agissent
Les fabricants manifestent une inquiétude réelle. La loi impose des coûts logistiques et juridiques supplémentaires, et certains devront choisir la présence de leurs produits dans l’État.
Les associations de consommateurs saluent cette avancée. Elles estiment que l’absence de réactivité fédérale justifie l’initiative locale. Afficher clairement les risques reconnus à l’étranger pourrait pousser l’industrie à revoir ses recettes et encourager des choix éclairés chez les consommateurs.
Impact concret pour les consommateurs texans
Ce que les rayons vont afficher
Dès 2027, plus de 4 000 produits pourraient porter ce label d’alerte. Il concernera bonbons, céréales, biscuits et sodas.
Le message affiché sera : « Cet additif est non recommandé à la consommation selon des autorités étrangères ».
Les études européennes montrent que la visibilité d’un tel avertissement influence effectivement les choix d’achat, du moins sur le court terme.
Un effet possible sur le plan national
Cette législation pourrait inspirer d’autres États à suivre l’exemple du Texas, voire inciter le Congrès à légiférer sur ces questions.
Certains experts voient cette dynamique comme un déclencheur d’une réforme fédérale, d’autant que les enjeux liés à l’alimentation ultra-transformée gagnent en importance.
Pour les grandes marques, il peut être plus simple d’harmoniser les recettes à l’échelle nationale afin d’éviter des disparités logistiques ou de réputation.
Conséquences au-delà de l’étiquetage
Un ensemble de mesures santé
La loi SB 25 impose aussi :
- 30 minutes (environ 1 800 secondes) d’activité physique quotidienne dans tous les établissements scolaires dès 2027
- Une éducation améliorée à la nutrition à l’école
- Un module obligatoire en sciences de l’alimentation et métabolisme pour les futurs médecins et soignants
L’objectif est d’agir à plusieurs niveaux pour inverser les tendances d’obésité et de maladies chroniques.
Points forts de la loi
- Transparence accrue pour les consommateurs
- Pression sur l’industrie pour innover et retirer les ingrédients controversés
- Effet d’entraînement potentiel sur d’autres États
- Complémentarité avec d’autres actions santé (école, hôpital)
Limites et risques
- Liste discutable : certains additifs restent légaux ailleurs
- Complexité réglementaire pour les entreprises
- Confusion possible avec trop d’alertes, pouvant créer une défiance
- Absence d’harmonisation nationale à court terme
Cette loi du Texas marque une volonté d’agir face à une inertie perçue au niveau fédéral. Si la liste des substances peut prêter à débat et certaines formulations risquent d’agiter plus qu’elles n’éclairent, l’initiative chamboule le statu quo.
Il reste à observer comment le public réagira à ces messages d’alerte : un véritable changement dans les habitudes d’achat, ou un retour rapide au marketing traditionnel ? Enfin, cette dynamique locale conduira-t-elle Washington à uniformiser les règles pour toute la filière alimentaire ? À suivre.