Entertainment Zone à Santa Monica : 6 indicateurs pour savoir si ça marche

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Ecrit par sylvie

Sylvie est une épicurienne passionnée, toujours en quête de nouvelles saveurs et de découvertes culinaires.

Et si l’on pouvait se promener légalement un verre à la main sur la 3rd Street Promenade ? C’est l’idée derrière le nouveau pilote “Entertainment Zone” tout juste validé par Santa Monica.

La promesse : dynamiser une artère emblématique en autorisant, sous conditions strictes, la consommation d’alcool à emporter. Dans cet article, nous décryptons ce qui change, pourquoi la ville tente l’expérimentation, et ce qu’il faudra surveiller de près pour que le pari soit gagnant.

Ce qui change sur la 3rd Street Promenade

Comment le dispositif fonctionne le week-end

Le dispositif concerne un tronçon de trois pâtés de maisons de la 3rd Street Promenade. Le lancement, prévu en juin, s’applique d’abord le soir, du vendredi au dimanche, de 18 h à 2 h.

Si l’essai est concluant, la ville envisage d’étendre le dispositif tous les jours, de 8 h à 2 h. ➡️ La municipalité a fixé une période d’essai de six mois avant toute décision d’extension ou de pérennisation.

Règles pour les 21+ : bracelets et gobelets

Seules les personnes de 21 ans et plus pourront participer, après contrôle d’identité dans les bars et restaurants partenaires. Les clients recevront un bracelet et leurs boissons seront servies dans des gobelets en plastique homologués, à emporter dans la zone autorisée.

La vente dans du verre reste proscrite, et les limites géographiques et horaires sont strictement encadrées. Le message est clair : on teste l’“open drinking”, mais pas l’anarchie.

Pourquoi la ville lance cette expérience

Un levier de relance économique

La Promenade affiche environ 25 % de vacance commerciale, un chiffre qui pèse sur l’attractivité et l’emploi local. En autorisant l’alcool à emporter, Santa Monica espère stimuler le flux piéton, prolonger le temps de visite et redonner envie aux touristes comme aux locaux de flâner. L’idée est simple : retenir les visiteurs plus longtemps favorise la dépense dans l’hôtellerie‑restauration et le retail alentour.

Réactions des commerçants

Beaucoup accueillent la mesure comme un souffle nouveau, mais ils pointent aussi des zones grises. Qui gère un client ivre une fois sorti sur l’espace public ?

Quelle coordination entre police, sécurité privée et établissements quand une situation dégénère ? Ces questions d’opérationnel, souvent sous-estimées sur le papier, feront la différence entre un quartier vivant et un chaos coûteux.

Qui paie, qui contrôle ?

Sécurité, contrôles et responsabilités

L’élément central du dispositif repose sur des contrôles d’identité en amont, les bracelets et les gobelets standardisés. Cela signifie du personnel formé, des procédures claires et une logistique au cordeau aux heures de pointe. Côté responsabilité, les bars restent soumis aux règles de service responsable, mais la ville doit assurer une présence visible pour la gestion de l’espace public, la prévention des débordements et l’orientation des visiteurs.

Budget, assurances et risques juridiques

Un Entertainment Zone efficace coûte de l’argent : signalétique, nettoyage renforcé, toilettes, sécurité, et potentiellement du personnel municipal supplémentaire. Les établissements, eux, doivent anticiper leurs obligations d’assurance, de formation et de traçabilité des ventes à emporter. Mon astuce favorite pour limiter l’exposition juridique : des protocoles écrits, partagés entre la ville et les commerçants, qui précisent qui fait quoi à chaque étape, et des données de suivi en temps réel.

Sécurité publique et impacts sociaux

Criminalité, sans-abrisme et gestion de l’ivresse

Les critiques craignent un effet d’aubaine sur des problématiques déjà sensibles : insécurité, troubles liés à l’ivresse, cohabitation difficile avec des personnes sans abri. Ce risque existe, et le nier serait contre-productif. L’enjeu sera d’intégrer ce pilote dans une stratégie plus large de sécurité publique et de services sociaux, plutôt que de l’isoler comme un gadget économique.

Mesures d’atténuation à prévoir

Concrètement, cela passe par :

  • Sanitaires accessibles
  • Présence d’équipes de médiation
  • Protocole avec les services d’urgence pour les cas d’alcoolisation aiguë
  • Coordination avec les associations d’outreach et dispositifs de réduction des risques
  • Collecte des déchets et lutte contre le bruit nocturne, budgétées dès le départ

✅ Une zone festive qui fonctionne est une zone où l’on sait où aller, quoi faire… et quoi éviter.

Leçons à tirer d’autres villes

San Francisco, Las Vegas, New Orleans…

Santa Monica s’inscrit dans une dynamique californienne ouverte par la loi SB 969 (2024), qui autorise les Entertainment Zones. San Francisco a déjà inauguré une zone sur Front Street avec des règles similaires.

Ailleurs aux États‑Unis, des villes comme Las Vegas ou New Orleans tolèrent depuis longtemps la consommation d’alcool à l’extérieur, avec des contraintes sur les contenants (pas de verre) et des périmètres bien délimités. Tampa, Savannah ou Hood River montrent qu’un réglage fin des horaires et des rues concernées peut faire toute la différence.

Les métriques qui comptent

Pour mesurer le succès, les meilleures pratiques convergent sur quelques indicateurs :

  • Fréquentation piétonne
  • Chiffre d’affaires des commerces
  • Taux de vacance
  • Propreté
  • Nuisances sonores
  • Interventions policières et médicales
  • Retours des riverains

Un tableau de bord hebdomadaire, partagé publiquement, installe la confiance et permet d’ajuster rapidement. Après six mois, l’arbitrage sera plus crédible si les chiffres parlent d’eux‑mêmes, positifs ou non.

Santa Monica tente un pari raisonnable : activer un levier de convivialité pour revitaliser un lieu emblématique, tout en posant des garde‑fous clairs. Le succès dépendra moins du principe que de l’exécution : contrôles efficaces, coproduction avec les commerçants, et une véritable stratégie de sécurité et de services urbains.

La bonne question n’est peut‑être pas “faut‑il autoriser l’open‑container ?”, mais “sommes‑nous prêts à en gérer les conséquences, positives et négatives, avec méthode et transparence ?”. À vous : si vous habitez ou travaillez près de la Promenade, qu’attendez‑vous — ou redoutez‑vous — le plus de cette “Entertainment Zone” ? 👇

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